samedi 1 août 2015

Accouchement, des Lilas à Antoine Béclère

Un petit détail mes amies. À la suite de ce que (pour la première fois avec quelques précisions) j'ai relaté hier  (mon accouchement moyenâgeux en 72 aux Lilas*, voir le fil "Défense de Cohn Bendit") je me dois de rajouter un truc marrant (enfin moyennement.)
------
Après "ça" évidemment, (j'ai manqué de peu y passer avec ma fille) on se dit "plus jamais", ne serait-ce que par le simple instinct de survie... sauf que je ne voulais pas d'un enfant unique, l'étant moi-même et .. (bref...) Il fallut donc s'y recoller. Comme dirait Coluche pour Sylvie Vartan, j'ai attendu que la médecine ait fait "tous ses progrès"... et 6 ans après, ce fut Béclère, l'hôpital tip top du beau Friedman, bébés éprouvettes, télé et tout et tout.. Moi pas besoin d'éprouvette, juste d'une équipe costaud pour l'accouchement et très probablement la césarienne. 


Pendule oscillant encore : après la solitude où j'avais été abandonnée aux Lilas ("c'est naturel, on n'a pas à médicaliser" bla bla poil au nez) j'ai accouché à grand spectacle, entourée d'une cohortes de blouses blanches toutes plus agrégées les unes que les autres, comme une Reine qui va pondre le futur Sauveur de l'Empire. Technique, toubibs tops et petits pépés etc.


Alors voici : le bébé se présentait bien, (tête fléchie sur le menton parfait, prêt à être pondu) descendait correctement, des contractions pas trop douloureuses mais efficaces (!) et on m'examine toutes les (?) mettons dix minutes ? Quelle différence avec les Lilas ! À 3 cm, que j'ai acquis en 5 minutes (!) une jeune interne me met sous monitoring, c'est relativement nouveau à l'époque (en 78). (Une ceinture assez serrée autour du ventre.) Bien ? Pas bien? Je ne sais pas mais immédiatement je sens le bébé bouger.. Elle écoute le cœur et observe (sans affolement) : 
- Zut, je ne l'entends plus" (!!!!)
- HEIN ?!"..
- Non, n'ayez crainte c'est seulement qu'il s'est retourné." 
Elle appuie plus fort, ça y est, il bat parfaitement. Je l'interroge : 
- Mais il est donc mal placé à présent ?" 
Elle en convient mais me rassure : 
- Oui, mais cela ne va pas durer, il va reprendre sa position tout à l'heure."

Et bien mes amies, il ne l'a JAMAIS REPRISE. Tout s'est accéléré à la vitesse V. Péridurale ("vous croyez que ça vaut la peine? Vous êtes déjà presqu'à complète ?".. "Oui !"  Robin insiste - maintenant la douleur s'est faite plus forte mais encore supportable-... Ça prend quelques secondes et soudain, plus de douleur, super!) Et ça y est ! Dilatation complète. Yapluka. (J'y ai mis en tout à peine 3 heures contre trois jours pour ma fille, je n'en reviens pas de la performance.) 
-Poussez!" 
Je pousse. Que dalle. Et re .. et re.. et enfin la tête avance. C'aurait pu être l'accouchement DE RÊVE, celui qu'on voit à la télé, ça ne le fut pas.


Car là, c'est l' "agrégé" (ainsi s'était-il présenté à moi) celui qui devait officier pour le finale d'une pièce particulièrement difficile à jouer qui soudain HURLE. 
- Arrêtez tout. C'est un O.S. !!" 
(Occipito sacré, position où le bébé arrive par la face, à l'envers en somme, impossible à sortir, essayez d'enfiler un pull au col serré par la face !) Il ne le savait pas, moi si et la jeune interne n'avait sans doute pas transmis, que sais-je? il est vrai, tout était allé si vite ..  Conversation surréaliste. 
- Je sais, c'est  après le monitoring" .. 
- MAIS POURQUOI N'AVEZ-VOUS RIEN DIT?" (tout juste s'il n'ajoute pas "idiote".) 
- Je pensais que vous l'aviez vu" .. 
- Et comment ? (bras au ciel, j'ai cru qu'il allait me baffer.) Bon, il faut le tourner"..

Et là, je résume, ils l'ont en effet "tourné" : un (le plus jeune et le plus vigoureux?) diligenté sur un geste, à quatre pattes au dessus de moi, jambes écartées de chaque côté de mon ventre, position tête à cul, je voyais son postérieur sous mon nez qui bougeait en cadence, il aurait pu me péter à la figure, ce que d'ailleurs il fit je crois bien, (en d'autres circonstances, une scène désopilante)... armé d'un  drap enroulé en corde qu'il tenait à deux mains avec lequel il appuyait-roulait de toutes ses forces, repoussant mon ventre vers le bas.. tandis que l'autre (le maître d'œuvre) les mains dans mon corps poussait dans l'autre sens, le tout en rythme, c'était comme lorsqu'on désenbourbe une bagnole après l'avoir remise sur ses roues, en s'y mettant à plusieurs costauds: ["go"!... "Encore une fois".."Arrêt".. "go ! Plus fort!" .."À droite bon sang!" etc..] Je ne voyais donc que le cul du Monsieur qui à un moment, au commandement du chef de chantier, a sauté d'un bond (un sportif) pour pousser davantage d'un coté mais à la main cette fois... (et la tête de Robin yeux écarquillés de trouille.) 
- Ça y est presque, juste un coup et je peux l'attraper par le bas."

Pas de douleur, juste l'impression d'être une ornière profonde et glissante où s'est coincé une voiture quatre fers en l'air qu'il faut retourner pour la sortir avant de l'arrimer à la barre de traction.. et tirer. Han Han les bateliers de la Volga Oh a hé oh...

Et enfin donc, la barre de traction (les forceps) pour finir le job. L'ennui est qu'à ce moment l'anesthésie ne fonctionnait plus. J'ai l'impression cette fois d'être un bouchon de bouteille de champagne qu'on débouche péniblement du goulot trop serré avec deux couteaux plats de chaque coté en tournant. Et je tire que je tire.. Han han.. Je me fais encore engueuler (un peu). 
- Mais poussez voyons, aidez- nous!!" 
J'essaie, et enfin, sur un hurlement que je ne peux retenir (j'ai l'impression d'être littéralement éviscérée vivante, lentement, à chaque poussée- traction, il écarte les chairs pour ouvrir le passage) mon fils sort (du moins sa tête car il faudra ensuite faire pivoter  ses épaules, contrairement à sa sœur, c'est un baraqué) et il est là, sur moi.. vigoureux mais avec le visage d'un boxeur au dixième round, yeux gonflés, (un fil) nez écrasé, crâne en pointe, une marque rouge sur ce qui doit être sa pommette, hurlant de toutes ses forces toute sa haine de l'humanité ; un air d'épouvante et de fureur, poings fermés agités comme pour rendre les coups qu'il vient de recevoir. Ils ne sont pas trop fiers. (C'était théoriquement une naissance sans violence selon le livre alors best seller recommandant de ne pas couper le cordon tout de suite, de plonger le bébé dans l'eau etc...)
-On ne pouvait faire autrement. Mais ça passera" (ndlr, apgar à 10, parfait.) 
Ils le baignent, et je le mets tout de suite au sein qu'il saisit comme une bouée de sauvetage, il se détend aussitôt. Il y est resté quasiment toute la nuit, dormant, se décrochant et le re saisissant tout de suite, hurlant s'il n'y parvenait pas (je dormais plus ou moins moi aussi et ne réagissais pas toujours à la seconde pour l'y aider.)

Le lendemain j'ai "fait" tous les bébés de la maternité, 31: aucun n'était aussi abîmé. ("Ça" lui a passé en effet mais au bout d'un mois.)

J'oubliais : ma cicatrice, je précise, SUR LAQUELLE IL NE FALLAIT PAS TROP FORCER (!) au point qu'ils avaient hésité à pratiquer d'emblée une césarienne (perso j'étais pour, mais eux, non, ils pensaient pouvoir tenter le coup par voie basse) à parfaitement tenu. Deux points, (une franche rigolade.) Je n'ai pas eu d'autre enfant.

Autre oubli : tout baigne mais ... soudain, ils reviennent vers moi, l'air emmerdés. 
- Désolé il va falloir vous  faire une révision utérine." 
RÉVISION UTÉRINE, J'ADORE. 
- Et n'oubliez pas le graissage et de vérifier les niveaux." 
Car à force de tourner le bébé, un morceau de placenta s'est décollé et est resté accroché à l'endomètre, pas bon, risque d'infection. Anesthésie générale, très rapide et ils ont bien tout gratté comme il faut à l'intérieur. Ils ont juste omis de me signaler qu'ensuite la pose d'un stérilet serait douloureuse (très, quelques heures seulement mais on a l'impression d'accoucher de nouveau.)

DEUX EXTRÊMES DONC. D'un coté, au Lilas, on a la solitude (pendant que les toubibs jouent au tennis?) sur la base qu'intervenir est une ingérence sociétale culturelle inadéquate voire impérialiste qui dépossède les femmes d'une expérience au vécu irremplaçable, naturel qui n'a pas à être médicalisé sous peine d'obérer le rapport à... bla bla.. poil au bras. De l'autre, à Béclère, on a la technique pointue mais qui justement foire :  1 par excès (ceinture trop serrée) et 2 : par ses conséquences inévitables, les relations humaines défaillantes et même l'humain en soi (l'interne qui n'a pas transmis l'"OS", le big boss qui n'a pas pensé à m'interroger ni même a m'examiner juste avant le grand chelem) c'est à dire l'excessive confiance dans les appareils au détriment de l'examen manuel ou de la simple interrogation humaine... d'où ici le finale épique et dangereux, (difficile de croire qu'un bébé aussi déformé n'a pas aussi été touché quelque part ailleurs.) L'homme devenu une machine au service de la Machine, obérant le réel, c'est à dire lui-même. Oui, le monitoring disait "bébé OK, cœur bat bien"  et devant ces infos indiscutables, l'homme à dit "go, on y va !".. à quoi bon interroger la mère ou l'interne, surtout lorsqu'on est un Grand Patron pressé par dix autres accouchements problématiques qui se préparent et lui sont réservés ? la machine suffit bien.. Mais le monitoring ne disait pas : "bébé esquiché pas content, tourne le dos et peut plus sortir."

Le fil sur FB à partir de l'article défense de Cohn Bendit http://pagetournee.blogspot.com/2015/08/le-fil-sur-fb-propos-de-lallaitement-et.html


* Je rectifie ici un point. J'ai écrit en conclusion de l'article : "miracle, aucune séquelle ni pour ma fille ni pour moi"... et à la réflexion, je n'en suis pas absolument sûre. Je dirais aucune séquelle VISIBLE. Car il me semble que c'est mon CERVEAU qui morflé.  (J'ai été moins performante intellectuellement ensuite m'a-t-il semblé, moins équilibrée aussi, crises d'angoisse etc.. rares mais bon..) Pour elle, certes brillante et réussie, même observation => L'éclampsie (voir fil précédent "Défense de Cohn Bendit") qui met le cerveau en souffrance -anoxie-, même juste une seconde dans mon cas, fait forcément perdre quelques neurones.

Voir le dossier pédophilie, d'où est parti cet article, à partir de "Défense de Cohn Bendit") on a dérivé!
http://pagetournee.blogspot.com/2015/07/dossier-pedophilie-et-vip.html
.
et une note de cet article, mise à part, le vocabulaire psy, exercice illégal de la philosophie, l'art de noyer la poissonne.
http://pagetournee.blogspot.com/2015/08/accouchement-des-lilas-antoine-beclere.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire