lundi 10 août 2015

Au hasard, je m'attache forcément aux reines car ce sont elles dont on a la trace, mais on peut supposer qu'il en était de même pour les autres femmes en pire car elles représentaient la ressource dynastique obligée : plus un Roi avait d'enfants -surtout mâles, du moins après la loi dite "salique" qui détruisit les princes devenus trop cousineurs*- et mieux il assurait sa puissance..

Aliénor d’Aquitaine, 10 (2 du roi de France, 8 du roi d'Angleterre)
Isabeau de Bavière 12 de Charles VI le fou. 
Marie d'Anjou, 14 de Charles VII
Anne de Bretagne : 10 (la plupart non viables)
Margaret Beaufort, mère à 14 ans (de Henry Tudor)
Claude, (image) morte en couches à 24 ans après 7 enfants, le premier à seize ans.
Catherine de Médicis, 10 enfants en 15 ans  
Françoise de Foix, mère à (?) 12 ou 13 ans
Marie Leszczynska (10 en 10 ans) 
Marie Thérèse d’Autriche 16 (record)
Eléonore de Tolède, 9 enfants, le premier à 18 ans, morte d'épuisement à 40 (probablement tuberculeuse). 

10 ans environ de grossesses, 10 accouchements, souvent la première juste après la puberté, la fièvre puerpérale (une femme sur dix mourait en couches), la médecine tâtonnante, terrifiante (Jane Seymour, dont on dit qu'elle a été césarisée vivante après plusieurs jours de torture car elle ne parvenait pas à accoucher) etc... Cela ne les empêcha pas, pour certaines, d'avoir une activité politique parfois essentielle, fût-elle non aboutie, discutable voire funeste (Aliénor, qui civilisa la Cour de France puis d'Angleterre, Anne de Bretagne, qui tenta en vain de sauver son indépendance, Marie-Thérèse, malgré ses 15 enfants, dite la "Grande", Margaret Beaufort à qui les Tudor doivent le trône, la Médicis hélas dont on sait le rôle..) Et même parmi celles qui (souvent veuves car mariées à des vieillards) eurent "peu" d'enfants voire un seul, les conditions dans lesquelles elles devaient parfois mener leurs grossesses et accoucher étaient effroyables, ainsi Marie Stuart*, lettrée, helléniste et poète, qui, enceinte, chevaucha vers le nord de l'Ecosse, s'arrêta pour accoucher vite fait -un garçon- dans un château suintant d'humidité où on ne mettrait pas un chien... et repartit au combat à la tête de ses troupes.. (Une criminelle de guerre certes et qui finit mal mais la question n'est pas là) ; Marie-Louise de Savoie, reine d'Espagne, qui, mariée à 12 ans, n'eut que (!) 4 enfants mais, tuberculeuse, mourut d'épuisement un an après le quatrième et dernier ; Marie-Thérèse (femme de Louis XIV) elle aussi fragile, la consanguinité commençant à faire ses ravages, qui eut 6 enfants en 10 ans (dont tous sauf l'aîné moururent en bas âge) et s'éteignit d'un abcès contracté à cheval, épuisée dit-on par les voyages de représentation que, enceinte ou pas, son infatigable mari lui imposait -en compagnie de ses favorites-... etc.. et tant d'autres.. Alors ? Oui, peu de femmes cultivées, inventeures, musiciennes compositrices... mais qu'elles aient su parfois lire constitue déjà une performance étant donné leur existence de pondeuses sans répit, souvent jusqu'à la mort. 

* A la la mort de Louis 10 dit le "Hutin" (le querelleur), sa fille Jeanne devait régner (un léger problème toutefois puisque sa mère avait été convaincue d'adultère et assassinée de ce fait, question, Jeanne était-elle bien la fille de Louis?) bref, son frère Charles en profita pour s'emparer du trône en faisant "exhumer" (en le cas, en créant de toutes pièces) une loi dite "salique" (issue des francs saliens) au nom de laquelle les femmes n'héritaient pas la terre (mais une dot la remplaçait) donc pas de la couronne (alors que jusqu'alors cela n'avait pas posé problème) ... ce qui était absurde, un royaume n'étant pas la propriété d'un Roi... si bien qu'il monta sur le trône, mourut à son tour sans enfant mâle... son frère régna également ... lequel etc... Et hop, une rupture dynastique, et pour faire vice.. euh vite, on aboutit à ce paradoxe croquignolet : le seul descendant mâle de Philippe le Bel se trouva ...  le Roi d'Angleterre, fils d'Isabelle, la fille de Philippe ... lequel se déclara alors incontinent Roi de France et d'Angleterre (!) d'où la guerre de cent ans. Autre catastrophe : les Rois sans héritier mâle se mirent alors  systématiquement à marier leur fille au prétendant du trône -afin qu'elles règnent tout de même-... c'est à dire en principe à leur cousin germain, parfois deux fois germain... ce qui au bout de quelques génération, -en fait très vite-, donna les résultats que l'on sait et que l'on peut voir dans les tableaux de Velasquez ou de Goya (portraits de familles royales, pas jojos les gus.)

*Voir "Anne Boleyn, un fils ou la hache", quatre femmes de la rennaissance, Mary Stuart, Anne Askew, Jane Grey, Anne Boleyn  http://femmesavenir.blogspot.fr/2012/08/anne-boleyn-un-fils-ou-la-hache.html

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